Partir de rien et avec ce rien-là, faire en un bouquet de fleurs.Rocca

L’histoire du mouvement hip-hop prend ses racines dans un contexte de relations internationales et politiques très complexes après la Seconde Guerre mondiale. C’est dans les mouvements de lutte contre les ségrégations à l’égard des Afro-Américains, ainsi que dans les luttes pour l’indépendance de nombreux pays à travers le monde, que l’on peut comprendre la philosophie qui prendra le nom de hip-hop vers les années 70. Dès lors, ce courant de pensée va vouloir s’exprimer dans des champs divers tels que la politique, la philosophie, le sport, l’art, ou encore la littérature.

Le hip-hop ne façonne pas ses propres concepts et théories, puisqu’il est avant tout un état d’esprit. C’est un dialogue avec d’autres disciplines pour repenser les choses. Pour comprendre ce mouvement, il faut une approche d’historien, telle que celle de Marc Bloch, un des fondateurs de l’histoire sociale. Pour élaborer une « histoire du hip-hop », il faut étudier l’individu non pas en tant qu’être de culture, mais en tant qu’être social. Cela permet de donner un sens, d’avoir un regard critique, et surtout de prendre du recul par rapport à l’objet étudié.

L’histoire du hip-hop est une « histoire en miettes » faisant voler en éclats une histoire globale prédéterminée pour tout le monde. C’est dans ce sens et avec cette approche que le mouvement hip-hop s’est structuré et a ouvert des champs d’études en prenant en compte le temps, les différentes échelles territoriales, mobilisant des registres d’explications empruntés à d’autres disciplines telles que la sociologie, la géographie, la géopolitique, l’économie, la psychologie, l’anthropologie… On pourrait parler des « Annales du Hip-Hop » en référence à l’école et aux revues « Les Annales » fondées en 1929.

Pendant longtemps, on a étudié le passé des collectifs plus que celui des individus et on a privilégié les « grands événements » au détriment des hommes. Cette macro-histoire avait écrasé l’essence même du mouvement hip-hop, et défini une conception idéologique paradoxale avec les parcours de vie, les personnalités, les valeurs, les cultures et origines des personnes. Il a donc fallu saisir l’histoire de l’individu et de sa relation avec sa discipline. Grâce aux nouvelles approches d’études et d’analyses, cette démarche a réaffirmé une histoire en phase avec l’identité et la réalité de chacun.

Ainsi, l’origine de l’expression « hip-hop » prend toute sa place dans l’approche citée ci-dessus : le terme hip-hop provient de « hip », un mot propre aux langages de la rue et un dérivé de « hep » qui signifie « être cool ». Le « hop » veut dire danser, bouger, être en mouvement. Ainsi, le hip-hop traduit la notion de défi lancé à soi-même. On pourrait lui associer une autre définition semblable, le « hip » signifiant en argot américain l’intelligence au sens de la débrouillardise et « hop » étant l’onomatopée du saut, par conséquent l’« intelligence qui bouge ». Étant donné que le hip-hop est un état d’esprit exprimé dans différentes matières, l’histoire du mouvement artistique est apparue au début des années 1970 et s’est rapidement répandue dans le monde entier au point de devenir une forme d’expression artistique populaire importante.

Mourade Marrakchi
Fondateur de Follow-UP