L’oppression est un système complexe et structuré, souvent enraciné dans des dynamiques de pouvoir inégales, des hiérarchies sociales et des discriminations. À travers l’histoire, ces systèmes d’oppression se sont manifestés sous différentes formes, dont certaines reposent sur des idéologies profondément ancrées, telles que le mépris de classe, le racisme et la condescendance. Ces trois piliers forment un cadre puissant d’inégalités, interconnectées mais distinctes, qui alimentent l’exclusion, la marginalisation et la perpétuation des privilèges.
Le mépris de classe : une oppression par l'économie et le statut social
Le mépris de classe repose sur l’idée que certaines catégories socio-économiques sont supérieures à d’autres en fonction de leur richesse, de leur statut social ou de leur pouvoir économique. Cette forme d’oppression divise la société en classes, souvent accompagnée de préjugés associés à la pauvreté ou à l’appartenance à la classe ouvrière. Le mépris de classe justifie les inégalités économiques en stigmatisant les pauvres, les rendant personnellement responsables de leur sort, et les accusant de manquer de volonté, d’ambition ou de mérite.
Les systèmes politiques et économiques amplifient ce mépris en créant des barrières structurelles à la mobilité sociale, telles qu’un accès inégal à l’éducation, à la santé et aux opportunités économiques. Ainsi, les élites économiques perpétuent leur domination en accédant aux meilleures ressources et en influençant les politiques dans leur intérêt.
Ce mépris de classe se reflète également dans les représentations médiatiques, qui tournent souvent en dérision les pauvres ou les classes populaires, les dépeignant comme paresseux ou incapables, ce qui alimente un cycle de préjugés et de marginalisation. La lutte contre cette forme d’oppression nécessite une redistribution plus équitable des ressources, la reconnaissance de la dignité de chaque travailleur et la mise en place de politiques visant à réduire les écarts de richesse.
Le racisme : une oppression par la race et l'ethnicité
Le racisme est un autre pilier fondamental du système d’oppression, basé sur l’idée fausse que certaines races ou groupes ethniques seraient intrinsèquement supérieurs à d’autres. Il repose sur une construction sociale de la race, où la couleur de peau, l’origine ethnique ou les traits physiques deviennent des critères de hiérarchisation. Le racisme justifie la domination de certains groupes sur d’autres en s’appuyant sur des stéréotypes, des préjugés et des théories pseudo-scientifiques. Historiquement, il a légitimé l’esclavage, la colonisation et l’apartheid, et continue aujourd’hui à se manifester sous des formes plus subtiles, telles que le racisme institutionnel ou systémique.
Dans les sociétés contemporaines, le racisme se traduit par des inégalités dans l’accès à l’emploi, au logement ou à la justice, où les minorités raciales et ethniques sont souvent discriminées ou marginalisées. Le racisme ne se limite pas aux actes individuels de haine ou de discrimination ; il est ancré dans des institutions et des politiques qui privilégient certains groupes raciaux tout en désavantageant d’autres. Il permet également aux sociétés de justifier des écarts de traitement et de maintenir des rapports de pouvoir inégaux entre les groupes racialisés.
La condescendance : une oppression par la supériorité morale ou intellectuelle
La condescendance est une forme d’oppression plus subtile, mais tout aussi destructrice, dans laquelle une personne ou un groupe adopte une posture de supériorité morale, intellectuelle ou culturelle par rapport à un autre. Elle se manifeste souvent par du dédain ou une pitié paternaliste envers ceux considérés comme « inférieurs », que ce soit en raison de leur classe sociale, de leur race, de leur niveau d’éducation ou de leur mode de vie.
Contrairement au mépris de classe, qui repose principalement sur des critères économiques, la condescendance peut se manifester dans divers domaines, tels que la culture, l’éducation ou la moralité. Ceux qui adoptent cette posture croient souvent agir « pour le bien » des autres, tout en perpétuant des rapports de domination. On retrouve fréquemment cette condescendance dans le discours politique ou intellectuel, où certains prétendent « savoir mieux » que les autres, sans écouter les voix et les besoins des personnes qu’ils prétendent défendre ou représenter.
Par exemple, dans les relations internationales, les anciennes puissances coloniales ont souvent adopté une posture condescendante envers les nations qu’elles avaient colonisées, les jugeant incapables de s’autogérer ou de développer des structures démocratiques. De même, dans les relations interpersonnelles, la condescendance se traduit par des attitudes paternalistes où l’on infantilise ou rabaisse les capacités d’autrui.
L'intersectionnalité des oppressions
Ces trois formes d’oppression — le mépris de classe, le racisme et la condescendance — ne fonctionnent pas de manière isolée. Elles interagissent et se renforcent mutuellement. Par exemple, une personne issue de la classe ouvrière et appartenant à une minorité raciale peut subir simultanément ces différentes oppressions : être méprisée pour sa classe sociale, discriminée en raison de sa race, et traitée avec condescendance à cause de stéréotypes sur ses capacités intellectuelles ou culturelles.
L’intersectionnalité, un concept développé par Kimberlé Crenshaw, permet de comprendre comment ces oppressions se chevauchent et créent des expériences uniques de marginalisation. Plutôt que de considérer chaque forme de discrimination de manière isolée, l’intersectionnalité invite à réfléchir à la façon dont ces facteurs se combinent pour générer des dynamiques de pouvoir plus complexes.
Sortir du système d’oppression
La lutte contre le mépris de classe, le racisme et la condescendance ne consiste pas seulement à éliminer les comportements oppressifs ; elle implique une refonte profonde des relations sociales et économiques afin de créer une société plus équitable et juste. En reconnaissant l’humanité commune de chacun, indépendamment du statut social, de la race ou du niveau d’éducation, nous pouvons commencer à démanteler les systèmes d’oppression qui divisent et hiérarchisent nos sociétés.